On ne se connait pas, mais on est malheureusement lié ☼ feat. Min Jun Hee

J’étais arrivé à Ilia, il y a un moment maintenant. Mais je ne me rappelais pas avoir passé beaucoup de temps ici. Pas que je ne m’habituais pas à la vie à Ilia, je ne pourrais pas exactement dire ce qui m’embêtait. Je suppose que j’étais encore en phase découverte. Une phase qui serait relativement longue à mon avis. Surtout si on voyait le temps que je prenais pour visiter les différents lieux qu’on pouvait y trouver. Mais bon, je suppose que ce n’était pas vraiment un problème en soi.

Aujourd’hui, j’avais pu échapper à la vigilance de ma protectrice. Une des seules personnes que je côtoyais lorsque j’étais ici. Je ne parlais pas à beaucoup de personne, mais plus que tout, j’évitais n’importe quelle personne qui viendrait à ma rencontre. Pas que je n’avais pas envie de me faire des amis, ou du moins des connaissances à Ilia. Pour ne pas passer trop de temps seul, surtout si j’ai besoin de quelqu’un pour me guider dans ce lieu qui m’était encore un peu inconnu, j’avais besoin de connaitre les gens d’ici. Le problème était que je n’avais aucune envie de me sociabiliser. J’étais une personne assez solitaire, et je ne pouvais pas me changer. Je pouvais faire tous les efforts que je pouvais, je ne changeais pas. Et cela n’avait rien d’étonnant. Lorsqu’on vous programme dès l’enfance à vivre seul, la seule chose qu’on est persuadé, c’est qu’être seul est une bonne chose pour nous. Enfin, dans mon cas c’est cela. Un visage inexpressif, des yeux qui semblaient vide à longueur de journée. Entouré d’une aura plutôt sombre. C’est tout ce que je renvoyais lorsqu’on me voyait. J’en étais persuadé. Comment cela pouvait-il être autrement quand on connait mes origines.

Enfin aujourd’hui, j’avais eu besoin de me dégourdir les jambes et de me retrouver seul pour cela. C’est pour ça que j’ai fait faux bond à Dambi. Pouvoir être seul pour réfléchir et respirer. Mais surtout pour éviter tous les regards que j’avais sur moi à chaque heure de la journée. J’avais l’impression d’être une bête de cirque. Qu’on me regardait toujours totalement intrigué. C’était vraiment une impression dérangeant. Il y a même des jours où je me dis que je me monte la tête pour rien. Que j’invente les choses et que tout le monde n’en a que faire de moi. Mais au fond de moi, je sais que ce n’est pas le cas. Ces regards me suivent depuis mon arrivée à Ilia. Et puis, il y a encore et toujours sa voix. Lui, qui veut que je m’affirme, que je montre aux autres ma supériorité. Que je leur montrer que personne ne doit me manquer de respect ou me regarder de travers. Leur montrer que je suis leur maitre. Franchement, il n’y a que Hadès pour penser des choses comme ça. Et je ne veux qu’une chose que sa voix parte de ma tête, qu’il me laisse tranquille. Je n’ai jamais cherché à avoir le pouvoir, et s’il compte y arriver par moi, il peut toujours courir.

Je marchais depuis un petit moment maintenant, quand j’arrivais justement devant son temple. Je n’y avais encore jamais mis les pieds depuis mon arrivée ici. On pourrait se demander alors ce que je faisais là, mais je dois dire que je ne connaissais pas la raison moi-même. Peut-être que je suis venu lui parler, venu lui demander de me laisser enfin tranquille. J’avais déjà fait ce qu’il voulait en suivant sa voix et ses indications pour me retrouver à Ilia. Alors maintenant, il pouvait bien totalement disparaitre de ma vie, non ? Ce n’est pas comme s’il avait pris soin de moi avant cela. Soupirant, j’avançais un peu plus dans le temple, m’arrêtant devant la statue qui était censé le représenter.

« Je suppose que je ne dois plus avoir toute ma tête pour venir parler à une statue. Je ne sais même pas comment je dois t’appeler. Surement Hadès, puisque le terme père n’est pas approprié pour toi. Je suppose même que tu sais déjà la raison de ma visite alors je n’aurais pas à le dire. Laisse moi simplement tranquille et tout ira bien »

Soupirant de nouveau, je secouais la tête en souriant ironiquement. Je me trouvais bête à faire cela. Parler à Hadès par le biais de sa statut. Je pourrais tout aussi bien parler à un mur au final, ça serait la même chose. Mettant mes mains dans mes poches, je me détournais pour repartir.

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C’était une des rares fois où je rentrais à Ilia depuis mon départ à Incheon. Et j’étais seul. D’habitude, je ne rentrais jamais sans ma sœur adoptive me sentant nulle part à ma place dans ce lieu magique sans elle. J’avais toujours cette impression de ne pas être le bienvenue. Trace de mon enfance et de mon adolescente difficile, teintée d’insultes et de méchanceté. Mais pas seulement. Cette impression était également la conséquence d’un vécu quotidien.

Aujourd’hui encore, je n’avais pas été le bienvenue à Ilia. Tous les Anges de mon entourage avaient été conviés à se joindre à une grande fête villageoise. Et bien que j’aie prévu de rentrer voir mes parents adoptifs après de longs mois en compagnie de ma sœur, c’était en grande partie la raison pour laquelle, elle et moi, nous avions planifié de rentrer à Ilia à cette date. Et on y avait été reçu comme il le devait. Ma sœur avait été invitée à rejoindre la cérémonie sacrée, alors qu’on avait bloqué l’entrée du village. L’Ange gardien du village avait insisté sur le fait que seuls les « vrais » Anges étaient autorisés à participer à ce genre de fêtes. Et par « vrais » Anges, il entendait les anges purs, ceux nées de deux parents Anges et bien entendu, ceux qui étaient accepter par la communauté. Tout ce que je n’étais pas. J’étais ni un ange pur, ni accepté par la communauté des Anges.

Conclusion, mon déplacement d’Incheon à Ilia avait été pire que inutile puisque je n’avais ni pu voir ma famille adoptive ni participer aux festivités. Un temps inutilement gaspillé qui aurait pu être investi dans mes révisions. Révisions qui n’auraient pas été de trop pour réussir mon année. C’était donc un peu dégoûté que j’avais fait demi-tour non sans grogner. Surtout que je n’avais aucune idée que comment je pouvais occuper mon temps, puisque mes cours étaient gentiment restés mon appartement. Impossible donc de rattraper mon temps perdu sur mon apprentissage, sachant impensable le fait de retourner à Incheon sans ma sœur.

J’avais toujours en tête ce qu’elle m’avait dit avant de disparaître dans la ville. « Profites-en pour retourner à tes racines. ». J’avais eu beau l’ignorer sur le coup, je ne pouvais pas m’empêcher de faire tourner en boucle dans ma tête cette petite phrase. En soit, mes seules racines étaient dans ce village auquel on m’avait refusé l’accès. Mais je savais très bien qu’elle pensait à mes autres racines, celles qui étaient vagues presque inconnues. Celles qui me venaient de mon père. Ce Démon. L’amour de ma défiante mère. En y repensant, j’étais ni démon mais j’avais jamais eu le culot d’affronter un Démon pour en savoir plus sur mon père. Mon côté démon ressortait déjà trop à mon goût alors je n’avais jamais voulu en savoir plus.

Mais ma sœur avait peut-être raison : il était peut-être temps d’en savoir plus, d’apprendre plus sur moi-même. C’était l’occasion de me fixer une véritable identité et peut-être de découvrir quelqu’un qui m’accepterait comme j’étais. Mon père, qui sait.

Bien sûr, pas question d’aller se promener aux Enfers, comme disaient les Anges. Je ne connaissais pas suffisamment ces êtres qu’on disait vicieux et méchants pour m’y frotter. Alors j’avais tout naturellement pris la direction des Lieux Saint d’Ilia. Ce n’était pas très lion de ma position, quelques centaines de battements d’ailes. Aller se recueillir et prier au temple d’Hadès était déjà un bon début, surtout pour quelqu’un qui a toujours été élevé dans l’optique que le Dieu des Enfers était l’ennemi public numéro un. Encore une notion très angélique, bien sûr.

J’avais tout de suite été impressionné par le grand bâtiment, j’avais connu plus soft. J’étais loin d’être à l’aise mais j’y entrais tout de même, ce n’était pas le moment de se défiler. Je gardais mes ailes sorties, toujours sur mes gardes. Elles étaient si majestueuses et sombres qu’elles suffisaient souvent pour dissuader quiconque de s’attaquer à moi. Au fur et à mesure de mes pas, une voix sa fit de plus en plus forte. J’étais pas seul, mais cela ne m’empêcha pas d’avancer discrètement jusqu’à la statue d’Hadès. Un homme, à en juger par la silhouette, se tenait droit devant elle. Son aura était bien différente de celle d’un ange. Plus sombre, mais moins que ce que j’avais pu imaginer pour un démon. J’entendis seulement quelques mots de sa « conversation » avec la statue, trop occupé à l’analyser. Des trucs comme « père », « raison », « tranquille », rien de bien intéressant à priori. J’allais seulement attendre qu’il s’en aille.

Mais lorsqu’il se retourna et que ses yeux rencontrèrent les miens, cette intention première s’envola. Je détournai vivement le regard, chose rare chez moi. Je m’étonnai de ma propre réaction. Je me sentais soudainement… Gêné. Intimidé. Faible. Soumis. Vulnérable. Tout ce que je détestais. Et je compris.

J’étais nez à nez avec un Demi-Dieux, et pas n’importe lequel, le fils de Hadès.

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J’avais fini par faire ma petite crise. J’étais parti dans son temple. Enfin le lieu qui lui était dédié. D’ailleurs, je ne comprenais toujours pas pourquoi il fallait qu’un lieu leur soit personnellement dédié. Franchement, les dieux aimaient tellement être admirés. Enfin, bref. J’avais fait ma crise, je lui avais dit ce que j’avais sûr le cœur. Même si au départ c’était sorti tout seul, je me sentais un peu mieux maintenant. Même si je me trouvais très bête d’avoir fait ça. Parce que dans le pire des cas, je venais de me parler tout seul à un mur, quelqu’un m’aurait vu et m’aurais pris pour un fou. Et cet optique ne me plaisait pas tant que ça. Soupirant, il fallait absolument que je sorte d’ici, que je m’éloigne le plus loin possible.

Cependant quand je me retourne, j’avais vraiment envie de me cogner la tête contre un mur. Me dites pas que cette personne avait tout entendu de ce que je venais de dire. Et puis qu’est-ce qu’il pouvait venir faire dans ce temple ? Je veux dire, on peut décider de venir ici volontairement ? Enfin c’était tout de même le temple d’Hadès, on ne pouvait pas vraiment dire que ce soit une personne très aimé. Mon père était bien trop froid, sombre et étrange pour qu’on l’aime et le vénère. Du moins, de mon avis, c’était le cas. Mais j’imagine que ne pas l’aimait, et donc d’avoir un parti pris faisait que mon jugement n’était pas vraiment justifié.

Enfin, je m’avance alors vers lui, le fixant sans gêne. Et c’est là que je me rendis compte de quelque chose. Ce mec avait des ailes dans le dos. Des ailes noires vraiment magnifiques. J’étais subjugué par elle, alors je continuais à avancer. Oubliant l’expression de l’autre qui avait changé. Je mettais dans un coin de mon cerveau le fait qu’il avait immédiatement détourné les yeux quand je l’avais regardé. Arrivé devant lui, je levais la main pour venir toucher son aile. Elle était totalement douce.

« Qu’est-ce que tu es ? Et puis pourquoi es-tu ici ? »

Je ne savais pas vraiment pourquoi je lui avais demandé ça. Ni pourquoi je m’intéressais à lui. J’aurais pu tout simplement m’éloigner et l’ignorer. Comme je le faisais d’habitude lorsque je rencontrais des personnes que je ne connaissais pas. Mais il fallait dire que contrairement aux autres, lui m’intriguait fortement.

« Je ne voudrais pas non plus paraitre impoli ou quoi que ce soit d’autre. Mais est-ce que tu as écouté ce que je disais tout à l’heure ? Je ne veux pas que tu crois que je sois fou ou quoique ce soit d’autre. Disons juste que j’ai dû faire quelque chose que je devais faire. »

Je soupirais, lâchant finalement ton aile et me reculant.

La situation me terrorisait. Les réactions de mon propre corps m’échappaient. Tous mes membres semblaient paralysés et inaptes à m’écouter. Je voulais relever la tête pour surveiller la moindre mouvement de cet homme, mais mes yeux étaient verrouillés sur le sol du temple. Impossible de contrôler quoi que ce soit. Mon cœur battait anormalement fort et rapidement, mélange d’anxiété et d’agitation intérieure. Je ne savais pas vraiment ce qui me rendait comme ça. Etait-ce le fait de rencontrer un Demi-Dieux, ou bien le fait que ce soit le fils d’Hadès ? Etait-ce un réaction normale quand on est irrémédiablement lié à quelqu’un, ou bien une réaction automatique et involontaire de mon inconscient ?

D’un coup, j’entendis des pas se rapprocher. Mon cœur s’accéléra encore un peu alors que je sentis mes ailes se fléchirent. Le sang tambourinait dans mes tempes comme des milliers de coups de marteau. Une douleur vive commença à s’installer dans ma tête et peu à peu ma vision devint floue. Ma panique intérieure s’intensifia et atteignit son summum quand une main se posa sur mon aile. J’aurais voulu sursauter et m’éloigner, mais mon corps semblait trop contracter pour m’écouter. Ce simple touché me provoqua un long frisson puis une forte brûlure le remplaça. En temps normal, personne n’était autorisé à toucher mes ailes. En temps normal, j’aurais dégagé la main de cet homme d’un violent coup d’aile. Mais à priori, nous n’étions pas en temps normal et je n’étais pas dans mon état normal.

À ses questions, je relevai un peu la tête, le regard toujours fuyant. Ma bouche s’ouvrait, se fermait dans l’espoir de lui donner une réponse. Mais ma gorge me semblait bien trop douloureuse pour lâcher quelconque son. D’ailleurs, je ne savais même pas pourquoi je tenais absolument à lui répondre. Je réussis malgré tout à murmurer ma réponse.

« Ange… Démon… »

Ma voix était si basse que je n’étais pas sûr qu’il m’ait entendu. Mais intérieurement, je me sentais presque soulager de lui avoir donner une réponse. Loin d’être claire, certes, mais une réponse. Bientôt la brûlure de mon aile fut telle que je fermais les yeux et je laissais échapper un gémissement de souffrance. Je sentais mon corps être pris par des bouffées de chaleur, et pourtant, je ne bougeais pas pour autant. J’écoutais ses paroles en silence hochant la tête de temps en temps pour lui monter que je l’écoutais.

Quant il eut fini, il délaissa enfin mon aile et mon corps cessa immédiatement de me brûler. Je poussai un soupir de soulagement avant de donner de petits coups d’aile pour rafraîchir mon corps. Je relevais avec peine mes yeux vers lui.

« Je suis aussi… venu faire quelque chose que je dois faire. »

Je me mordais la lèvre inférieure, mal à l’aise, puis je baissais de nouveau les yeux en me triturant les mains.

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Je continuais à le fixer. Il me semblait plutôt étrange. Enfin, outre le fait qu’il avait des ailes dans le dos. Ses ailes qui étaient tellement douce. J’aimais les toucher et je l’aurais bien fait encore si je n’avais pas un minimum de retenu. Je ne pouvais pas me montrer comme ça face à un inconnu. Je ne le connaissais pas, mais malgré tout je ne pouvais m’empêcher d’être subjugué. Je n’avais rien remarqué dans son comportement. Il ne m’avait pas repoussé, ni rien dit. Il n’avait pas une seule seconde levé le regard vers moi. Ce qui était tout de même étrange, pourquoi vouloir éviter un contact visuel ? Je ne fais pas peur. Je n’inspire pas la crainte ou autre. Peut-être est-ce pour avoir une réaction que j’avais décidé de lui poser quelques questions. Enfin, des questions simples mais qui nécessitaient des réponses.

J’aurais presque crié victoire en le voyant relever la tête. Mais non, il ne me regardait toujours pas. Et je n’arrivais pas à comprendre pourquoi. Tout le monde savait que je détestais être dans l’ignorance. Je devais lui demander pourquoi, sinon j’allais me prendre la tête pour rien. Je fus quand même surpris de le voir lutter, avoir du mal à me parler. Il finit par me dire ce qu’il était.

« Un ange démon ? Je pensais qu’il n’y avait que des anges ou des démons… »

J’avais surtout parlé pour moi. Après tout, je ne connaissais pas encore très bien les différentes personnes et créatures que l’on pouvait trouver ici. C’était la première fois que je tombais sur une personne ailée. Je ne saurai d’ailleurs pas dire pourquoi, mais je me sentais comme lié à lui. Pourtant, je ne le connaissais pas. C’était assez étrange. Et puis, j’étais aussi intrigué par ce soupir de soulagement qui ne m’avait pas échappé. S’était-il retenu de me repousser ? Poussé par un besoin, je venais lui prendre le menton pour lui relever la tête, le forçant un peu à me regarder.

« Si ça ne te gêne pas, je préfère quand on me regarde quand on me parle. C’est plus … poli »

Satisfait, et espérant qu’il obéirait en quelques sortes, je fais un petit sourire. Histoire de ne pas trop le brusquer. Me trouver dans le temple de mon père, devait être suffisant pour qu’il comprenne que j’étais le fils d’Hadès. Je ne voulais pas qu’il est peur de moi ou autre maintenant. Enfin, il s’y trouvait aussi, alors je doutais qu’il craignait Hadès.

« Tu es venu faire quoi, si ce n’est pas indiscret. Et pourquoi vouloir éviter de croiser mon regard ? »

» Dure journée ! feat. ASTONS Willam
» Discussion inattendue feat MATTHEWS Christopher
» Le bac, on y croit mais ça bousille la vie social o/

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