Une première rencontre pas des plus simples

Une première rencontre pas des plus simples ☼ feat. Sook Jung In

Une première rencontre pas des plus simples Tumblr_n6l1deTlDg1sop8bmo3_250

Les cours était fini, et je n'avais qu'une envie. Partir loin, rentrer chez moi et m'enfermer dans ma chambre, coucher sur mon lit. Je venais de quitter la salle, mon sac sur l'épaule, direction le portail pour sortir de l'école. Enfin, heureusement pour moi, malgré le double cursus que je suivais, je pouvais avoir un peu de temps libre. Et aujourd'hui était un jour de chance. J'arrivais finalement près du portail, quand je me rendis compte que j'avais oublié quelque chose. Trop tête en l'air pour ne pas changer. Avançant de nouveau vers le bâtiments. Aucune expression arborant mon visage, le regard vide. Je passais à côté de ces personnes qui semblait souvent parlé lorsque je passais près d'eux. Ne leur jetant pas un seul regard, je continus mon chemin, la tête à moitié baissé.

J'arrive finalement de nouveau devant la salle. Ouvrant la porte, du moins essayant, je constate qu'elle est fermé. Il ne manquait plus que cela. Il semblerait que je sois une personne malchanceuse pour une fois. Enfin, ce n'est pas vraiment comme-ci ce n'était pas le cas habituellement. Il fallait maintenant que je retrouve notre professeur ou du moins une personne capable de m'ouvrir cette porte. Je ne pouvais pas rentrer en laissant ici ma pochette à dessin. Qui sait qui pourrait tomber dessus. Et ce qu'on ferait de mes croquis et autres dessins. Non, il fallait absolument que je la récupère. Tournant les talons, restant dans le même couloir, je regardais autour de moi. Dans quelle direction dois-je partir pour trouver le professeur ? Est-ce qu'il avait déjà quitter l'école lui aussi ? Je sens que je gagnais déjà une migraine à penser à tout cela. Si seulement j'avais assez de force, j'aurais fracasser la porte. Enfin, pas sûr que ça aurait été la meilleure chose à faire.

Je fais alors quelques pas vers la gauche, avant de me retourner pour aller vers la droite. Il me semble que la salle des professeurs se trouvent de ce côté là. Soufflant fortement, les mains dans les poches, je reprends ma marche. Il y a vraiment des jours où je devrais plutôt regarder qu'il ne me manque rien, au lieu de me précipiter en dehors des salles de cours. Peut-être bien que ça m'éviterai ce genre de situation. Enfin bon, la bonne chose était qu'à cette heure, je ne croiserais personne dans les couloirs. Pour la simple et bonne raison, que la plupart des élèves étaient soient chez eux, soient dans le peu de cours qui leur restait. Déjà ça de fait. Mais peut-être ai-je parlé un peu trop vite ?

Une nouvelle journée se terminait dans l'école d'art d'Incheon. Alors que l'extérieur se remplissait d'élèves et de professeurs qui avaient fini leurs cours, les couloirs et salles de classes se vidaient peu à peu, jusqu'à ce que l'intérieur des bâtiments devienne complètement désert.

Enfin, désert était un grand mot. Dans le silence oppressant qui occupait les lieux, on pouvait entendre les bruit de pas rapides. Ceux d'un jeune homme paniqué. Ceux de Jung In. La jeune nymphe, en voulant se diriger vers une salle de classe pour récupérer ses affaires restées à l'intérieur, s'était à nouveau fait persécuté par une bande d'homophobes, qui n'avaient pas hésité à le blesser à mains nue ou au couteau, le laissant avec une plaie au niveau de la joue et un énorme hématome dans la nuque. Et il les avaient laissé faire, sans protester, sans pleurer. Encore une fois. Il avait pris l'habitude au bout de deux ans. Au moins une fois par semaine, il devait supporter ça. Et à chaque fois, il n'osait pas se défendre, et contre-attaquer. Il était trop faible pour cela. Trop faible et trop gentil. C'était un défaut dans ce monde, ou la loi semblait toujours être celle du plus fort. Mais il ne pouvait pas changer, c'était inconcevable pour lui.

Vu l'heure, il était à peu près certain que la salle de classe était fermée depuis déjà quelques minutes. Mais il ne pouvait pas attendre le lendemain. C'était impossible. Son carnet était resté à l'intérieur avec son sac. Ses autres affaires, il s'en moquait bien, mais son carnet, ça c'était important. Tous ses poèmes reposaient entre ses feuilles. Si jamais quelqu'un mettait la main dessus... Un professeur, un autre élève... Ou même un de ses tortionnaires... On le prendrait pour un fou. D'accord, il se laissait faire, mais il n'était pas non plus idiot, et il savait très bien que sa réputation était déjà assez désastreuse, et que ce n'était pas la peine d'empirer les choses.

Au bout de quelques minutes, il arriva enfin à la salle des professeurs. Et, par miracle, le directeur adjoint de l'établissement s'y trouvait, en train de parler avec l'un de ses professeurs. Malheureusement, il ne fut pas simple de le convaincre de lui prêter son trousseau. Il disait qu'il pouvait bien attendre demain pour tout récupérer. Jung In insistait désespérément en disant qu'il y avait quelque chose de très important dans son sac. Enfin, après au moins trois bonnes minutes de supplices, le directeur adjoint finit par céder et donner ses clés. Ouf, il avait réussi! Sans utiliser son pouvoir en plus! Et il ne risquait pas de se tromper, sur chaque clé était inscrit le numéro de la salle correspondante.

Aussitôt, il sortit de la salle et se précipita vers l'angle du couloir. Et là, catastrophe. Il heurta quelqu'un en tournant à droite. Surpris, il se retrouva les fesses à terre, avant de se relever nerveusement et de s'incliner légèrement face à la personne qu'il avait percuté.

- Oh! Je... E-Excusez-moi... C'est ma faute, je... Je n'ai pas fait attention... bégaya-t-il la tête baissée, trop gêné pour regarder l'inconnu dans les yeux.

Je marchais toujours tête baissé. Tous les couloirs se ressemblaient pour moi. Je savais simplement que la salle des professeurs se trouvait à cette étage, mais impossible de savoir exactement où. J’avançais alors simplement, me maudissant encore une fois pour avoir laissé quelque chose d’important dans ma salle de classe. Enfin, c’était une bonne chose que les couloirs ne soient pas remplis des autres élèves de l’école. Je tournais finalement à l’angle du couloir, espérant cette fois-ci que je trouverais enfin cette salle.

Mais encore une fois, tout ne se passait réellement pas comme je le voudrais. Sans m’y attendre, je sentis quelqu’un me rentrer dedans. Trop surpris, je ne réagissais pas rapidement. Je ne pus que remercier mes réflexes qui me permirent de ne pas me retrouver au sol. Je posais alors mon regard sur celui qui se trouvait en face de moi et qui lui n’avait pas eu ma chance. Il était désormais par terre sur les fesses. Je l’écoutais s’excuser, il semblait sincère. Je détournais simplement le regard, regardant vers l’extérieur. Enfin, peut-être qu’il pourrait m’aider.

« hum…j’imagine que ce n’est rien. Tu saurais où trouver la salle des profs ? J’ai besoin de récupérer quelque chose d’important dans ma salle de classe. »

J’avais parlé sur un ton neutre, sans émotions pour ne pas changer. Qu’importe devant qui je me trouvais. J’espérais simplement que ce garçon pourrait m’aider. Et puis, c’était bizarre mais j’avais l’impression de l’avoir déjà vu ou croiser. Ce n’était peut-être qu’une impression, enfin, c’était sans importance. Je n’avais que très peu d’ami, si ce n’est aucun ici. Je devais être une personne un peu trop froide. Que j’en ai ou pas, est-ce que cela changera grand-chose au final ?

« Si tu ne sais pas c’est pas grave, je trouverai un autre moyen de récupérer m a pochette »

Sans aucun geste de ma part, je fais simplement un pas sur le côté pour continuer ma route
, espérant trouver une personne qui serait capable de venir m’ouvrir cette satanée porte.

Il lui fallut quelques secondes pour oser à nouveau relever la tête. Il regarda la personne qu'il avait percuté. Cet homme... Il en avait déjà entendu parler, une fois, en écoutant distraitement des filles parler de lui... Il ne se rappelait plus de son nom, mais il savait qu'il était considéré comme assez froid et solitaire. Apparemment, certaines de ces filles aimeraient sortir avec, tandis que les autres le méprisaient. Que faisait-il là à cette heure-ci ?

L'inconnu lui répondit quelque chose, mais il ne l'écouta qu'à moitié, essayant plutôt de se rappeler son nom. Son nom, son nom, son nom... Mince, c'était quoi déjà ? Il avait complètement oublié.

Mais les paroles suivantes du jeune homme face à lui le ramena bien vite sur terre.

- Si tu ne sais pas c’est pas grave, je trouverai un autre moyen de récupérer ma pochette.

Il baissa à nouveau la tête, ne sachant pas quoi dire.

- Oh... Euh... Oui...

Eh ben comme réponse, on avait quand même déjà fait mieux.

Alors que son interlocuteur s'éloignait, la nymphe se baissa pour reprendre le trousseau de clé qui lui avait échapper des mains lorsqu'il était tombé. Mais une fois l'objet entre ses doigts, il se figea. Il regarda le trousseau, puis le jeune homme qui s'en allait, et à nouveau le trousseau. Qu'avait-il dit, déjà ? Récupérer... Salle de classe... Pochette... Il avait besoin de récupérer sa pochette dans une salle de classe ? Mais il avait les clés, lui! Il pouvait lui ouvrir la porte, non ? Immédiatement, il se retourna.

- Hé... Attendez... dit-il en se dirigeant vers lui.

Il le rattrapa et agrippa doucement son bras, avant de lui montrer le trousseau de clés qu'il avait dans les mains.

- Le directeur adjoint m'a donné son trousseau. J'ai aussi quelque chose à récupérer dans une salle de classe. Je peux vous ouvrir la porte de votre salle si vous voulez.

Il avait retrouvé son calme et sa voix et son visage avaient retrouvé leur douceur et leur innocence habituelle. Il l'avait heurté, c'était tout de même un peu gênant, et il pouvait bien au moins l'aider pour se faire pardonner.

J’avais déjà commencé à partir sans attendre une réponse de sa part. Je savais que ce n’était pas une chose à faire. La moindre des choses lorsqu’on pose une question est d’attendre la réponse. Mais je n’étais pas comme les autres. C’est pour cela d’ailleurs que je n’avais pas bonne réputation dans cette école. Et puis pourquoi faire une bonne réputation. Enfin bref, cela n’a pas une once d’importance. J’avais déjà commencé à m’avancer. Mes mains avait repris leur place dans mes poches et je marchais de nouveau tête baissé.

J’entendis le jeune de tout à l’heure me crier d’attendre un instant, mais je n’y prêtais pas attention. Continuant ma route jusqu’à ce qu’il m’attrape le bras. Je me retournais un peu brusquement vers lui. N’aimant pas tellement qu’on me touche. Mais malgré ce que j’aurais pu penser, je n’eus pas à m’énerver contre lui. En posant mon regard sur lui, je m’étais calmé. Après tout, il ne m’avait pas l’air bien méchant et cela m’étonnerait qu’il puisse me faire du mal. Toujours cette peur de péter les plombs et de faire du mal aux autres. Enfin, je soupirais intérieurement, l’écoutant patiemment.

« Si le trousseau de clé est avec toi, et que ça m’évite de chercher quelqu’un partout pour m’ouvrir la porte. Alors je veux bien que tu le fasses. »

Enlevant finalement sa main sur mon bras, sans pour autant lui faire mal, je remets mon sac bien sur mon épaule avant de reprendre le chemin dans le sens inverse. Pensant qu’il me suivrait. Je me retourne au bout de quelques secondes.

« C’est la salle 2 d’art, c’est à l’étage où nous sommes alors tu n’auras pas à me suivre longtemps. »

Je retourne à nouveau la tête et me plonge dans mes pensées. Je n’étais jamais resté aussi longtemps à côté de quelqu’un. Moi qui en général préférais éviter les autres. Mais bon, étant donné qu’il allait m’aider, je pouvais faire un effort.

Ce garçon intriguait énormément Jung In. Il n'était pas normal, il n'était pas comme tout le monde l'imaginait, ça il en était persuadé. Deux raisons le poussait à penser ça. La première était par rapport à sa personnalité. Le comportement du jeune homme était fidèle à la description qu'il avait entendu sortir de la bouche des filles. Froid, distant, solitaire. Et pourtant, au fond de lui, une petite voix lui disait qu'il n'était pas vraiment comme ça. Il avait beau essayé de l'ignorer, il savait qu'elle n'avait peut-être pas tort, au final. La deuxième était l'aura étrange qui émanait de lui. Oui, étrange était bien le mot, car il ne savait pas comment la nommer. Cet impression qu'il avait à en regardant n'importe quel être humain était présente, mais il y avait aussi... Autre chose. Quelque chose de plus puissant, de plus imposant, de plus intimidant... Étrangement, il avait la réelle impression de lui être inférieur. Pas uniquement superficiel, comme quand ses bourreaux s'occupait de son cas. Non, c'était vraiment réel cette fois. Et le pire, dans tout ça, c'est que son cœur ne semblait pas prendre cette intimidation en compte. L'habitude, peut-être ? Ou simplement à cause de ses doutes quant à la personnalité de cet inconnu ?

Le garçon avait accepté la proposition du Master, ce qui avait fait sourire ce dernier. Il n'avait pas contrôlé ça. C'était arrivé tout seul. Comme d'habitude. Pourvu qu'il ne le prenne pas pour un imbécile heureux. Il en avait même fini par oublier sa main agrippée au bras de l'inconnu, si bien qu'il ne le remarqua que lorsque ce dernier la décrocha.

- Ah... Oui, excusez-moi, dit-il en rebaissant la tête.

Lorsque le garçon reprit sa route, la nymphe fit un pas pour le suivre... Avant de s'arrêter. Il avait oublié de lui demander le numéro de la salle. Vu toutes les clés présentes sur le trousseau, il ferait mieux de commencer à chercher tout de suite s'ils ne voulaient pas rester une éternité devant la porte. Mais alors qu'il était sur le point de lui poser la question, l'inconnu se retourna et lui répondit directement.

- La salle 2 d'art... D'accord.

Il se mit donc à le suivre en cherchant la bonne clé. Il la trouva rapidement, avec une petite étiquette marquée 2A dessus, et remarqua que les clés étaient classées en fonction de leur numéro et de leur étage. Plutôt ordonné, ce directeur adjoint.

Une fois devant la bonne porte, il déverrouilla directement la porte avant de l'ouvrir.

- Allez-y, dit-il alors à son interlocuteur en s'écartant pour le laisser entrer.

Je ne savais pas du tout comment je devais réagir avec ce garçon. Il me paraissait étrange. Comment pouvait-on autant sourire et puis pourquoi il s'excusait autant. Ce n'était pas un mal de me tenir le bras ? Enfin, vu comment et pourquoi il l'a fait, je ne pense pas que c'était un mal. Peut-être est-ce ma façon d'avoir réagi qui lui a fait croire cela. Enfin, tant pis, la chose était faite. On marchait tranquillement jusqu'à la salle. Posant un regard en coin sur lui, je me rendis compte qu'il était en train de chercher la clé dans son trousseau. Ce n'était pas une mauvaise idée, ça nous éviterait d'attendre de le trouver une fois arrivé devant la salle.

Soupirant une nouvelle fois, je me permis de l'observer du coin de l’œil. Comment une personne qui avait l'air sans embrouille. Une personne qui avait l'air si calme pouvait avoir des traces de bagarres ? Cacherait-il son jeu mieux que je ne pouvais le croire ? Et puis, ça ne me regardait peut-être pas au final, on avait aucun lien. Et je ne pense pas avoir envie d'avoir un quelconque lien avec lui, ni avec personne d'autres d'ailleurs. Je ne me sentais pas encore prêt malheureusement.

" Pourquoi ces bleus sur ton corps? Et cette blessure à la joue ?"

J'avais posé ces questions, mais au fond, je me demandais si je ne me les posais pas à moi-même. On était enfin arrivé devant la salle. Je le laissais m'ouvrir et entrait immédiatement la porte ouverte. Je penchais simplement la tête vers lui pour le remercier. Continuant d'avancer, je rejoignais ma place et trouvait rapidement ma pochette sous la table. Heureusement, personne ne semblait y avoir touché. J'aurais pu être de très mauvais humeur dans le cas contraire. Je prenais donc dans ma main ce que j'étais venu chercher avant de sortir.

"Merci pour m'avoir ouvert la porte"

Je m'incline devant lui puis fais un pas pour partir. J'imagine que je n'ai plus à le suivre maintenant. Je m'avance donc en direction de la sortie du bâtiment, ne voulant plus rester ici plus longtemps. Mais au final, allez savoir pourquoi, je stoppe mes pas.

La question de l'inconnu avait manqué de faire Jung In s'étouffer avec de l'air. Cette question, il ne s'y attendait pas. Pas du tout. Ou du moins, il avait tant espéré qu'il ne la lui poserait pas qu'il avait fini par l'oublier. Il porta instinctivement sa main à sa plaie au niveau de sa joue. Comment lui expliquer qu'il se faisait harcelé et frappé par des voyous au moins une fois toutes les semaines ? Même si ce n'était pas l'envie qui lui manquait, c'était tout de même dur à dire. Il n'aimait pas parler mal des gens. Et, si ça se trouve, les autres ne savaient pas ce qu'ils faisaient, et les croyaient blancs comme neige. S'il devait dire ce qu'il lui arrivait, il préférait ne pas donner de noms. Il ne voulait pas être la cause d'embrouilles. Après un soupir triste, il se décida donc à répondre.

- Oh... Ce n'est rien... Disons que peu de monde m'accepte tel que je suis, et que certains expriment "à leur manière" leur dégoût envers mon existence. Il émit un petit rire triste. Et moi, je les ai laissé faire, une fois de plus... Je ne devrais pas. À trop vouloir rester pacifique, on finit toujours par devenir très faible face aux autres...

Plus il parlait, et plus la douceur de sa voix se mêlait à une certaine forme de tristesse. Oui, il était triste. Il était triste car il était trop différent. Certes, à Ilia, sa différence ne dérangeait personne, tout le monde connaissait les causes et les circonstances de sa naissance. Mais ici, sur Terre ? Tous les humains le rejetaient. Sa propre existence semblait être un crime aux yeux de ces simples mortels. Et ça le désolait.

- Il faut croire que je n'ai pas ma place dans ce monde... murmura-t-il mélancoliquement, sans se rendre compte.

Une fois la porte de la salle ouverte, le jeune homme se précipita dedans pour récupérer sa pochette. Après en être ressorti, il remercia la nymphe en s'inclinant.

- Derien, ravi d'avoir pu vous aider, dit-il en souriant et en s'inclinant à son tour.

Tandis que l'inconnu s'éloignait, le Master referma la porte et la reverrouilla. Mais lorsqu'il retira la clé de la serrure, quelque chose l'étonna. D'habitude, lorsque quelqu'un s'éloignait, les bruits de pas se faisaient de plus en plus inaudibles, avant de disparaître. Là, ces bruits avaient cessé d'un coup. Il tourna la tête vers la direction qu'avait pris le jeune homme. Il s'était stoppé à quelques pas de l'angle, dos à lui, et il ne bougeait plus.

- Quelque chose ne va pas ? demanda-t-il d'un air inquiet.

Je n’étais pas vraiment de nature curieuse. J’étais plutôt du genre à m’en foutre de tout. J’ignore tout le monde. Si une personne se faisait frapper dans une ruelle et que je passais à côté. Je serais capable de continuer mon chemin sans rien faire. Pas par lâcheté ou par méchanceté, mais bien parce que je ne voulais pas me révéler entièrement aux autres. Et puis, qui sait ce qui pourrait se passer. Soupirant, je me disais que s’il ne me répondait pas, ce n’était pas vraiment grand-chose. Mais je fus surpris qu’il se confie. Mais plus encore, je fus plus que surpris de sa réponse.

Comment pouvait-on faire du mal intentionnellement à une personne parce qu’il n’est pas ce qu’on voudrait de lui. Et puis qu’avait-il de différent ? Je ne le voyais pas et au final c’était sans importance pour moi. Ce que je retenais, était que tout comme moi, il s’était fait martyrisé. Mais moi, tout s’était fini, je m’étais vengé alors que lui, semblait encore subir cela. Pourquoi se laissait-il faire ? Pourquoi ne pas réagir, pourquoi ne pas se faire entendre, comme moi je l’avais fait ? Enfin, c’est sûr qu’on était totalement différent lui et moi. Il ne révéla et ne répondit rien.

Une fois, ses affaires récupéraient, je voulais simplement partir comme un voleur. Sans tarder. Mais c’était bien évidemment, sans ma conscience qui semblait travailler fortement. Je m’étais arrêté en plein milieu du couloir à seulement quelques pas de lui. Je l’entendis parler, je pus percevoir de l’inquiétude dans sa voix. Mais pourquoi. Je me retournais alors simplement pour m’avancer de nouveau vers lui.

« Pourquoi es-tu inquiet ? On ne se connait même pas ? »

Me raclant la gorge un moment, je m’appuyais contre le mur et regardais l’extérieur par la vitre. Je ne savais pas si je faisais bien. Peut-être que j’aurai à regretter d’être revenu sur mes pas. Mais le couloir était vide, il n’y avait que nous et ce n’était pas plus mal. Je ne me révèlerais jamais, on ne parlera surement jamais de moi, mais je voulais rester…. un peu.

« Tu as tord tu sais. Tout le monde à sa place quelque part. Alors tu l’as mérite aussi. J’imagine que de te laisser faire par tes agresseurs te fait penser cela. C’est une mauvaise chose. Vraiment. »

Il avait parlé sur un ton un peu froid. Mais que pouvait-il faire ? Il était comme ça. Il essayait de lui donner des indices, des conseils pour aller mieux. Mais il ne le faisait pas vraiment de la meilleure façon.

L'inconnu semblait trouver son inquiétude illogique. Ben oui, c'est normal, personne ne s'inquiétait comme ça sans raison. Mais dans l'esprit de Jung In, c'était tout à fait normal. De toute façon, ce qui était normal pour lui était anormal pour les simples mortels. Il répondit avec son même sourire.

- C'est dans ma nature de m'inquiéter pour tout le monde. Je ne peux hélas pas y faire grand chose. Chassez le naturel, il revient au galop, comme on le dit si bien.

Le jeune homme s'était de nouveau avancé vers lui. Finalement, il n'allait peut-être pas s'en aller tout de suite. Chose qui ne déplut pas à la nymphe. C'est la première fois qu'il pouvait parler ainsi avec quelqu'un sur Terre, il n'allait tout de même pas s'en plaindre. Adossé au mur, le regard tourné vers la fenêtre, l'inconnu reprit la parole.

- Tu as tort tu sais. Tout le monde a sa place quelque part. Alors tu la mérite aussi. J’imagine que de te laisser faire par tes agresseurs te fait penser cela. C’est une mauvaise chose. Vraiment.

Le Master baissa la tête. Pas à cause de son ton un peu froid, mais parce qu'il avait raison. Bien sûr qu'il avait raison. Tout le monde avait sa place quelque part. Mais lui, c'était à Ilia qu'elle était, avec sa famille et ses amis d'enfance, pas dans le monde des humains, où personne ne voulait de lui. Où il était seul.

- Si seulement ce n'était qu'une mauvaise chose... murmura-t-il. Mais c'est un mal pour un bien. Je n'ai pas vraiment le choix.

N'en dis pas plus, ce n'est pas nécessaire... se disait-il.

Mais quelque chose le poussait à continuer dans son élan. Tout ça, il le gardait pour lui depuis maintenant deux ans. Inconsciemment, il était soulagé de pouvoir vider son sac.

- Ici, tout le monde semble avoir peur de l'inconnu, alors les gens rabaissent, insultent, frappent ce qui leur paraît trop différent d'eux. Je suis une victime rêvée pour eux. Si seulement ils pouvaient savoir la cause de mes différences... Là d'où je viens, tout le monde sait pourquoi je suis comme ça, tout le monde me comprend, et tout le monde m'accepte... Mais ici... Ici je ne peux rien dire... Je ne peux pas me justifier... Je dois cacher mes secrets... Alors je préfère subir plutôt que de me dévoiler.

Ça suffit, arrête maintenant! Attend de t'être calmer avant de recommencer à parler!

Mais il ne pouvait pas, il n'y arrivait pas. Il ne savait pas résister, et il en subissait les conséquences. Ses yeux étaient embués de larmes et sa voix semblait sur le point de se briser.

- Mais je commence à en avoir assez... Plus qu'assez de tout ça... Ma place n'est pas dans cette ville, elle est auprès des miens... Si seulement je pouvais rentrer définitivement chez moi...

Trop tard...

Une larme coula sur sa joue. Puis une deuxième. Une troisième. Un torrent de larmes. Il se laissa glisser à terre contre un mur en pleurant silencieusement, son front entre ses mains tremblantes. Quelques perles salées vinrent s'échouer sur la plaie encore fraîche sur sa joue, tandis que d'autres venaient couler le long des hématomes situés au niveau de son cou. Mais ce qui posait réellement problème, c'était qu'il ne se rendait pas compte qu'il perdait peu à peu le contrôle de son pouvoir d'envoûtement en se lâchant ainsi, ce qui était grave, très grave, car il n'était pas tout seul, et cela allait avoir des conséquences sur son interlocuteur.

Je regardais attentivement devant lui, je ne savais pas pourquoi je ne voulais pas croiser le regard de ce garçon. Garçon dont je ne connaissais même pas le nom d’ailleurs. Bizarre de parler avec une personne sans pouvoir mettre de nom sur sa tête. Mais bon, si nous n’étions pas censés nous revoir par la suite, cela n’avait peut-être pas d’importance. Je l’écoutais parler, simplement. Comment cela pouvait-il être naturel pour une personne de s’inquiéter pour les autres ? Surtout si c’est une personne qui se fait martyriser par d’autres personnes ? Cette logique me dépassait de loin. C’est pour cela que je ne pus m’empêcher d’y réagir, tout en regrettant de l’avoir fait. Tout cela me dépassait, je ne savais rien de lui, et je n’avais pas à juger. Chacun se voyait surement comme il voulait se voir.

Je m’apprêtais à partir au final, me disant que je faisais une erreur. Mais il reprit la parole et je ne pus que rester ici, tournant légèrement la tête pour poser mon regard de lui. Il semblait vouloir se confier, je n’étais pas sûr que je sois la meilleure personne pour cela. Mais il semblait déjà être bien lancé. Plus je l’écoutais et plus je trouvais cela bizarre. Ce garçon, à sa manière de parler, on avait l’impression qu’il venait d’un autre monde. Peut-être est-ce moi qui me montais la tête un peu trop vite. J’aurais aimé aussi comprendre, déchiffrer ce qu’il était en train de me dire. Mais je ne voyais pas. Je ne voyais pas pourquoi il était si différent de comment je le voyais. C’était tellement étrange.

Je ne bougeais pas. Même quand je vis des larmes commençaient à couler le long de ses joues. Je ne savais pas quoi faire, ce n’était pas une situation commune pour moi. Je ne le regardais sans pouvoir rien faire, il était sur le sol et moi debout à le regarder sans émotions. Cependant c’était étrange, pour le coup, je commençais à ressentir des choses étranges en moi. Je ne saurais l’expliquer, c’était très minime mais cette sensation étrange avait commencé lorsqu’il s’était laissé aller. Était-il en cause ? J’avançais alors de deux pas, et m’accroupi en face de lui. Mes yeux ne reflétaient toujours rien, ma voix toujours aussi froide.

« Je ne sais pas ce que je pourrais te dire. Je ne pense pas que quoi que ce soit qui vienne de moi pourra te faire sentir mieux. Je ne comprends pas la moitié des choses que tu viens de dire. Parce que je ne vois pas à quoi tu fais référence. Alors je ne peux pas t’aider, mais c’est étrange je ressens un peu l’envie de le faire. Enfin. »

Je pose mes mains sur mes genoux et le regard toujours avec la même expression. Est-ce que je devrais le prendre dans mes bras, comme Mr Yun le faisait parfois avec moi ? Mais je serais surement maladroit à le faire. Je ne savais pas comment réagir et au final, je me demandais pourquoi je voulais tant venir en aide à cet inconnu.

« Tu ne devrais pas pleurer pour cela. Les gens qui te font du mal seraient bien contents. Il faut te montrer plus fort qu’eux. Mais si tu n’y arrive pas alors rentre chez toi…ne reste pas ici. Ça ne servira à rien. »

Jung In écouta avec attention ce que lui disait l'inconnu, qui s'était approché et accroupi. Il ne le regardait pas, il l'écoutait, tout simplement. Jamais il n'avait osé craquer devant quelqu'un, jamais... Il avait souvent du mal à retenir ses émotions, mais il y était toujours arrivé. Pourquoi alors fallait-il qu'il ne retienne plus ses larmes alors qu'il n'était pas seul ? Agacé par son comportement de victime, il mis sa tête contre le mur et inspira profondément. Cet homme avait raison, il devait se montrer plus fort. Mais la fuite était impossible. Il ne voulait pas décevoir ses mères.

- J'aimerais que ce soit aussi simple que ça... Enfin, merci quand même, dit-il en souriant.

Lentement, il se calma et sécha ses larmes, reprenant le contrôle de ses émotions. Mais, une fois son calme retrouvé, il ressentit quelque chose d'étrange... Quelque chose qui le mettait mal à l'aise... Comme si ses émotions n'étaient pas les seules choses qu'il n'avait pas réussi à contrôler pendant un court instant. Et si... Non...

- Que... Ce n'est pas vrai...

Son pouvoir... Il n'en avait pas gardé le contrôle. Effrayé, il regarda le jeune homme accroupi à ses côtés. C'était pour ça qu'il voulait l'aider, et qu'il s'était rapproché. Mais il y avait quelque chose de bizarre. Normalement, lorsqu'une personne était envoûtée, elle devenait un pantin sans volonté, prêt à tout pour rejoindre la personne qui utilisait son pouvoir sur lui. Là, malgré sa proximité, il semblait ne pas avoir changer. Sa voix, son regard surtout, étaient exactement les mêmes.

- Attendez... Vous... Comment se fait-il que...

La nymphe ne comprenait plus rien. Un épais brouillard envahissait son esprit. Comment se faisait-il qu'un humain puisse autant son pouvoir ? Un humain... Peu à peu, Jung In retrouva sa lucidité. Son aura imposante, sa résistance face à son pouvoir... Choqué par cette soudaine hypothèse, il eut un mouvement de recul, regardant son interlocuteur dans les yeux.

- Vous n'êtes pas humain, je me trompe ?

C'était la seule raison logique. Seul un être surnaturel pouvait avoir ne serait-ce qu'une once de résistance face à son pouvoir. Il en était sûr et certain désormais. Et cet inconnu ne pourrait pas dire le contraire. Il ne pouvait pas mentir, il s'était trahi tout seul inconsciemment.

- Même si mon pouvoir était resté en partie sous mon contrôle, un simple mortel aurait été bien plus affecté que ça. Même à Ilia, certaines personnes ont du mal à y résister, mais à ce point... Je n'ai jamais vu une chose pareille...

Il s'était relevé, et reculais lentement. Qui savait ce qui pouvait arriver. Il ne connaissait pas ses pouvoirs, il ne savait pas ce qu'il était capable de lui faire. Un être d'une telle puissance...

- Vous êtes un demi-dieu, c'est ça ?

Je ne me l’expliquais pas mais les mots étaient tout de même venus d’eux-mêmes. C’était la première fois, de toute mon existence que j’essayais de rassurer quelqu’un. Et bien que je l’aie fait tout à fait naturellement comme si j’avais l’habitude de le faire, je n’avais rien ressenti de particuliers. Est-ce qu’on ne devait pas se sentir soulagé dans de tel moment ? Soulagé d’avoir pu aider quelqu’un ou simplement pour avoir été là au bon moment. Non, je ne ressentais rien de tout cela. Simplement le vide que je ressentais depuis petit. Soupirant une nouvelle fois, je ne bougeais pas et attendez qu’il réagisse. Même si je me demandais s’il allait le faire au final. Avec surprise, il parla enfin, me souriant aussi. Mais ce gars était décidément la personne la plus bizarre du monde. Comment pouvait-on sourire de cette manière, alors qu’il y a quelques secondes il pleurait à chaudes larmes. Alors que tout semblait aller mal pour lui, dans sa vie. Je ne comprenais pas et cela me prenait un peu trop la tête. Je détestais ne pas comprendre.

Enfin, il agissait vraiment bizarrement ce garçon. Qu’est-ce qu’il avait à s’agiter de la sorte ? Et puis pourquoi il me regardait comme si j’allais lui faire du mal ? Il semblait avoir peur de moi, et au fond, cela me fit un peu du mal. Voir les gens effrayé quand je suis face à eux, quelque chose que je déteste énormément. Je ne comprenais pas ce changement d’attitude, je n’avais pourtant rien fait. Si c’est la réaction que je dois récolter alors que j’essayais de le conseiller pour qu’il avance, et bien je m’abstiendrais de le faire. Je n’aurais même jamais dû le faire, mais il fallait que je n’écoute pas ma raison qui me disait de fuir. Enfin, dans un sens. Je m’apprêtais donc à partir lorsqu’il prit de nouveau la parole, toujours sur le même ton.

« De quoi tu parles ? Je suis aussi humain que l’on puisse l’être. »

Pourquoi me demandait-il ça tout à coup ? Et puis, que croyait-il que j’étais ? Je n’avais rien fait, j’avais simplement agis comme n’importe qui. Comment aurait-il pu savoir pour mes origines ? C’était complètement impossible. Je portais alors de nouveau mon regard sur lui. Un regard qui se fit un peu plus froid, plus dur. Mais qu’est-ce qui se passait ici bon sang ? Il prit de nouveau la parole, cette fois-ci je me mettais debout et reculer d’un pas pour le regarder.

Son pouvoir ? Mais qu’est-ce que cela voulait dire ? Est-ce que lui aussi était différent des autres ? C’est de ça qu’il parlait ? C'est pour cela qu'il se fait martyriser ? Parce que ses origines le rend différent des autres et de leur normalité ? Ilia, alors lui aussi est originaire de là-bas ? Enfin, je ne suis pas vraiment originaire mais c’est devenu ma seconde maison. Serait-il possible qu’il ait compris ? Je reculais de nouveau, non pas par peur, mais parce que maintenant qu’il semblait savoir, je ne savais pas ce qu’il pourrait faire. Je n’avais pas vraiment rencontré beaucoup de personne dans le monde humain qui vienne de là-bas.

« Qui es-tu ? Quelle est ce pouvoir dont tu m’as parlé ? Comment ? »

Je me mis à réfléchir, je n’avais rien fait. C’est vrai que j’avais ressenti une aura bizarre, une force un peu bizarre m’entourer tout à l’heure. Alors c’était bien à cause de lui. Et ce serait à cause de cela que je me serais fait remarquer ? Mince, c’était trop tard pour mentir de toute manière

« Je suis bien un demi-dieu. Mon père n’est autre que le Dieu des Enfers. »

Ma voix avait pris une intonation plus basse, froide. Ce secret, je voulais pourtant le cacher à tous au plus profond de moi.

Alors c’était donc ça… Il était bien un demi-dieu, et fils d’Hadès, de surcroît. Pendant quelques secondes, Jung In ne bougea pas. Il se contenta de regarder cet homme face à lui, fasciné par cette révélation. Le fils du Dieu des Enfers… Pas étonnant que son pouvoir ait eu aussi peu d’effets sur lui ! Quelle puissance il devait avoir… Mais, dans un sens, cela le rassurait, car il ne s’agissait pas d’un simple être humain. Et, ainsi, il était sûr qu’il ne venait pas de se dévoiler quelqu'un qui allait tout raconter aux autres. Une fois calmé, il reprit donc la parole.

- Je vois… Eh bien, c’est un honneur de vous rencontrer, dit-il en inclinant légèrement la tête, le sourire aux lèvres. Excusez-moi, j’ai été un peu surpris sur le coup. On ne peut pas dire que ce genre de situation m’arrive souvent…

Ah, ça oui ! Envoûter quelqu’un sans le faire exprès et constater que son pouvoir n’avait pas vraiment eu d’effets sur cette personne, c’est sûr, c’est une chose qui n’arrivait pas souvent à la nymphe. Pleurer devant un inconnu aussi, d’ailleurs. Et tant mieux. Parce que si cela devait lui arriver tous les jours…

Jung In s’en voulait beaucoup d’avoir perdu son sang froid. Jamais une chose pareille ne lui était arrivée en public, jamais. Et le regard froid de son interlocuteur ne le mettait que davantage dans l’embarras. Pour le coup, il se sentait vraiment ridicule.

- Je suis désolé de vous avoir embêté avec mes problèmes, se décida-t-il à dire. Je dois avoir l’air ridicule… Il émit un petit rire embarrassé, puis reprit, après quelques secondes silencieuses. Et… Je suis aussi désolé d’avoir inconsciemment utilisé mon pouvoir sur vous. C’est vraiment idiot de ma part.

Il se rappela alors que l’homme lui avait demandé qui il était. Il releva la tête et lui sourit. Comme il s’agissait d’un demi-dieu, il pouvait se justifier, et donc rester lui-même.

- Mon nom est Jung In. SOOK Jung In. Je suis une nymphe, et je suis né grâce à la magie des Dieux. J’ai la capacité d’envoûter les gens. Malheureusement, c’est le genre de pouvoir qu’il ne faut pas avoir lorsque l’on est émotif… rajouta-t-il avec un petit rire ironique.

Il se rappelait encore du jour où il avait prit conscience de son pouvoir. C’était une semaine avant son cinquième anniversaire. Il était parti dans l’une des forêts présentes sur le mont Parnasse pour y cueillir des fleurs à l’attention de ses deux mères. Durant tout le trajet, il avait chantonné, heureux de se trouver au milieu de la nature. Sans vraiment s’en rendre compte, il avait envoûté quelqu’un sur son passage, qui l’avait suivi tout le long du trajet. Il lui avait fallu du temps pour se rendre compte de la présence derrière lui, et lorsque c’était arrivé, il avait cessé de chanter et s’était retourné. Son pouvoir avait cessé de faire à ce moment-là, et tout ce qu’il avait vu, c’était une personne égarée qui se demandait ce qu’elle faisait là. C’était un accident bénin, mais ce pouvoir pouvait tout de même être dangereux. Il devait vraiment faire attention, car il ne voulait faire de mal à personne.

Voilà quelques minutes qu’il y réfléchissait, mais rien à faire, il ne se souvenait toujours pas du nom de cet homme. Il se décida donc à le lui demander.

- Puis-je savoir quel est votre nom ?

Je ne sais pas trop ce qui m’a pris tout à coup. Pourquoi lui avoir révélé aussi facilement qui j’étais ? Je n’aurais pas du le faire, j’aurais dû partir et faire comme-ci de rien n’était. Et j’aurais tout fait comme si je n’avais jamais croisé sa route. Mais non, à croire que je perds la tête parfois, je lui avais tout dit. Enfin, je lui avais révélé que j’étais un demi-dieu, et je lui avais même révélé qui était mon père. Au fond de moi, je pensais qu’il aurait pris peur, qu’il serait parti en courant. On aurait plus reparlé de ça après. Mais non, ce n’était pas le cas. Il était toujours là devant moi, et il ne semblait même pas avoir peur une seule seconde. Ne craignait-il donc pas que je m’en prenne à lui ? Que je lui fasse du mal ? Je continuais donc à le regarder bizarrement. Comment on pouvait être enchanté de faire ma connaissance, ou du moins de me rencontrer ? Il ne me connaissait pas, certes je n’étais pas quelqu’un de mauvais, mais tout de même. Soupirant faiblement, je me dis qu’une fois encore, je me prends la tête pour rien.

- Je suppose bien que ce n’est pas une situation très commune. Je n’ai moi aussi pas encore eu l’occasion de rencontrer des personnes qui viennent elles aussi d’Ilia. Après tout, on se ressemble tous, il est assez difficile de le déterminer tant que la personne ne manifeste pas un quelconque signe. Comme tu l’as fait.

Cette personne était vraiment étrange. Enfin, je ne disais pas cela de façon méchante ou autre. Mais en le regardant de plus près, je ne saurais pas quoi dire, mais il était étrange. Il avait l’air d’être quelqu’un de toujours heureux, continuellement souriant. Et pourtant, j’avais pu voir qu’il avait au fond de lui une profonde tristesse. Peut-être une tristesse plus grande que celle que je cachais en moi. Je ne voulais pas être trop froid avec lui, parce que je ne voulais pas qu’il se sente plus mal. Ce n’était pas mon but. Mais je ne pouvais m’empêcher de l’être et cela était plutôt frustrant.

- Je suppose que tu n’as pas à en être désolé. Je n’ai presque pas ressenti les effets de ton pouvoir. Alors, je suppose que cela ne va en rien me mettre en colère de savoir qu’on a utilisée un quelconque pouvoir sur moi. Et pour ce qui est de tes problèmes, j’ai été le premier a être venu te questionner. Alors si je l’ai fait, on ne peut pas considérer ça comme le fait que tu m’ais embêter. Enfin, c’est ma manière à moi de voir les choses.

Reculant un peu, Je me mis à nouveau à l’observer. Il était parfois difficile de cerner les gens. Mais j’y arrivais en général, en faisant un minimum d’effort. Mais j’avais beau tout faire avec lui, je n’arrivais vraiment pas à m’y faire. Je ne pourrais dire exactement comment je devais m’y prendre avec lui. C’était complètement impossible. J’attendis alors qu’il prenne la parole, en apprenant un peu plus sur cet étrange garçon.

- Tout pouvoir peut-être contraignant ou dangereux lorsqu’on est émotif. Alors le fait d’envouter des gens n’est pas un problème en soi. Il y en a d’autres qui a des pouvoirs qu’ils ne vont pas contrôler en étant trop émotif. Que ce soit la colère ou la tristesse, c’est la même chose. Alors tu ne dois pas t’en vouloir pour ça.

En parlant de ça, je faisais surtout référence à moi. La première fois que j’avais manifesté mes pouvoirs, c’était parce que j(avais perdu le contrôle de mes émotions. Je m’en étais voulu, mais je ne pouvais rien y faire. Les choses étaient tel quel était. Personne ne pouvait changer cela. C’était dans la nature même des êtres vivants, qu’ils soient humains ou non. Enfin, c’était ainsi que moi je voyais les choses. Mais j’imagine bien que pas tout le monde pense de la même manière. Ce qui est là encore une fois, normal. Plongé dans mes souvenirs à la remonter de certains souvenirs, je ne reviens à la situation présente que lorsque Jung In reprenne la parole.

- Je m’appelle Yun Min Jae. Comme tu dois t’en douter, étant demi-dieu, je suis le fruit d’une nuit entre le dieu Hadès et ma mère. Je n’ai jamais connu aucun de mes deux parents et je ne souhaite pas non plus les voir. Je me porte bien ainsi. Je n’ai pas grand-chose à dire sur moi, mais moi aussi j’ai des pouvoirs que je ne peux pas contrôler alors j’imagine qu’on peut se comprendre comme ça.

Je te tendis la main alors

- Tu ne devais pas aller quelque part ?

La manière dont le jeune homme regardait Jung In n'échappa guère à ce dernier. Pourquoi le regardait-il de cette façon ? Avait-il à ce point l'air d'un alien ? Ou bien avait-il quelque chose sur le visage ? À moins qu'il ait juste du mal à le cerner. Ce qui ne l'étonnerait pas, d'ailleurs. Après tout, lui aussi avait du mal à se cerner lui-même parfois. Aucune raison d'en vouloir à cet inconnu, donc.
Des paroles de l'homme qui suivirent, la fin créa un écho dans la tête du Master. Comme tu l'as fait... Comme tu l'as fait... Comme tu l'as fait... Il se sentit beaucoup plus gêné. Oui, il l'avait fait. Et c'était une erreur. C'était un accident, certes, mais c'était une erreur. Et il s'en voulait pour cela. Un soupir triste s'échappa de ses lèvres.

-Dans ces moments-là, je dois admettre que je regrette un peu d'avoir des pouvoirs. Enfin, je ne doit pas me plaindre... Il faut dire que sans mes pouvoirs, je n'aurais plus aucune raison de vivre heureux...

Et c'était vrai. Il était efféminé et homosexuel, certes. Mais c'était tout à fait normal. Il était une Muse, une nymphe masculine. Les nymphes étaient logiquement efféminées et attirées par les hommes. Seules ses deux mères faisaient exception. Donc, il était normal. Mais s'il avait été humain ? S'il n'y avait eu aucune raison pour qu'il soit ainsi ? Il se serait détesté. Tout simplement. Il aurait haï ce qu'il était, peut-être même au point de vouloir disparaître définitivement.
L'inconnu face à la nymphe n'avait pas quitter un seul instant son ton froid. Mais cela ne le dérangeait pas plus que ça. Au fond de lui-même, il pensait, non, il savait qu'il n'était pas réellement ainsi. Que ce n'était qu'un masque qui cachait quelque chose. Si bien qu'il n'y prêta pas vraiment attention.

- Heureusement que vous n'avez pas vraiment été affecté, dit-il en rigolant. Sinon, je peux vous assurer qu'en ce moment-même, je serais déjà à des kilomètres de l'école. Il cessa de rire, reprenant une expression quelque peu gêné. Malgré tout, je me suis rapidement emporté... Et je tiens à m'excuser pour cela.

S'excuser, toujours s'excuser.... Décidément, il ne changeait pas. Mais c'était dans sa personnalité. Dès qu'il pensait faire un faux pas, il s'excusait.
Le jeune homme avait reculé de quelques pas et s'était mis à l'observer. Le regardant d'abord dans les yeux, la Muse finit par détourner le regard, légèrement gêné. Mais les paroles de cet inconnu le mit un peu plus à l'aise.

- Je suppose que vous avez raison. Malheureusement, il est assez dur de vivre sur Terre en cachant ce que nous sommes vraiment lorsque nous sommes émotifs. Si vous aviez été un humain, je me serai mis dans de beaux draps.

Il émit un petit rire. Il s'imaginait la scène, et dans sa tête, ça donnait quelque chose de comique et ridicule à la fois.
Son interlocuteur se présenta et lui tendit sa main. YUN Min Jae... Mais oui! Ça lui revenait maintenant! Qu'est-ce qu'il pouvait être idiot, parfois...

- C'est un plaisir de vous rencontrer, Min Jae, dit-il en faisant un magnifique sourire et en serrant sa main.

Mais la question suivante le ramena bien vite sur terre. Pendant quelques secondes, il fut le parfait cliché de la femme choqué : les yeux écarquillés, et la bouche ouverte avec sa main devant.

- Oh mon Dieu! Mes affaires! Mon carnet! J'avais complètement oublié!

Ce fut un instant de panique pour lui. Est-ce que quelqu'un avait déjà pris ses affaires ? Si oui, était-il tombé sur son carnet ? Il devait vite aller tout récupérer et vérifier que tout était là-bas.
Nerveux, il s'inclina légèrement face à Min Jae.

- Euh... Bien, je crois que je ne vais pas vous déranger plus longtemps...

J’écoutais ce qu’il disait, tout en étant un peu surpris. Je ne pouvais pas vraiment le comprendre. Je n’étais pas dans sa tête, ni sa situation. Je ne connaissais rien de lui. J’avais moi-même des pouvoirs, mais des pouvoirs qui étaient pour la plupart encore enfoui. Des pouvoirs dormant qui ne demandaient qu’à se faire voir. Mais je n’étais pas si pressé, pourquoi l’être après tout. Mais lui. Lui disait qu’il n’aurait plus de raison de vivre heureux sans ça. En quoi son pouvoir pouvait lui permettre de vivre heureux ? J’avais même l’impression que cela le rendait malheureux. Surtout lorsqu’il l’utilisait sans en avoir conscience, parce qu’il avait une émotion trop forte.

« Je ne pense pas que tu dois les regretter ou quoi que ce soit. Mais pourquoi dis-tu que ne plus avoir de pouvoir t’empêcherait de vivre heureux ? J’ai beau chercher et essayé de comprendre, je n’y arrive pas. »

C’est vrai, après tout, moi je pouvais très bien vivre sans pouvoir. Cela ne changerait pas grand-chose. Enfin, je devais avouer que je parlais peut-être un peu trop froidement avec lui. Mais je ne savais pas trop faire autrement. Le regardant intensément, enfin assez pour pouvoir le détailler. Je me demandais ce qui pouvait bien le déranger. Parce qu’il était clair, qu’il semblait avoir plus de souffrance que moi. Et il fallait être fort pour garder ainsi le sourire. Moi, je n’en ai pas eu la force. J’ai toujours ce masque froid, blasé qui fait la plupart du temps fuir les autres. Ça ne me dérange pas trop dans un sens, mais tout de même. Je me demande si un jour, je serais capable de sourire comme toute personne. Si un jour, je retrouverais un semblant de bonheur. Enfin, je ne dis pas que je suis malheureux. Il y a des gens qui ont plus de malheur que moi, je peux m’estimer heureux dans un certain sens. Enfin. Disons juste que j’avais une vie plutôt calme, où personne ne venait m’embêter ou me reprocher quelque chose.

« Pas besoin d’excuse. »

N’importe qui aurait peut-être ris à ses paroles. Après tout, lui-même l’avait fait. Et puis, son air gêné aurait pu faire fondre nombreuses jeunes filles. Je devais même avouer qu’il était…mignon. Mais, bien sûr, je ne dirais jamais cela à voix haute. Ça pourrait ruiner tous les efforts que je mets en œuvre pour ne pas qu’on m’approche. Ne jamais flancher. Mais c’était bien la première fois que je trouvais quelqu’un de « mignon ». Il était intriguant et indéchiffrable comme personnage. Unique en son genre. Je continuais donc de l’observer. Me demandant finalement ce qui serait judicieux de faire. J’aurais dû être déjà loin maintenant, mais j’étais encore là. Et je ne pouvais pas me l’expliquer. Je ne savais pas pourquoi, je restais à lui parler. Limite faisant tout pour lui tenir encore un peu compagnie.

« Pas nécessairement. Si j’avais été humain, peut-être que je ne me serais rendu compte de rien. Que j’aurais pensé que c’était de l’empathie et que je ressentais juste le besoin de t’aider. Pas nécessairement par envoutement, mais simplement comme ça. Du moins, c’est ce que je pense moi. »

Je lui serrais la main, et me dis à cet instant que notre discussion allait s’arrêter là. Mais bien évidemment, les choses ne se passent jamais comme il le devrait en général. Je regardais simplement son visage prendre une expression assez marrante, faisant naitre un micro sourire sur mon visage. Mais un sourire qui disparut bien vite.

« Tu peux me tutoyer tu sais…enfin je dis ça. Parce que le vouvoiement n’est pas une forme que j’apprécie vraiment. Et si ça ne te dérange pas, je pourrais peut-être t’accompagner. Je me sens redevable et je n’aime pas tellement l’être. »

Je me demande bien ce qu’il aurait fait si j’étais parti. Avoir oublié la raison qui l’avait poussé à aller chercher ce trousseau de clé. Ce garçon était décidément bien étrange pour moi.

La question de son interlocuteur l'étonna sur le coup. Il ne comprenait pas pourquoi il ne pourrait plus vivre heureux sans ses pouvoirs ? Jung In se demanda pourquoi il cherchait à comprendre. Était-il intéressé par son histoire ? Ou tout simplement curieux ? Il n'en avait pas la moindre idée. Mais ce n'était pas une raison pour ne pas répondre.

- Disons que c'est ce qui justifie en grande partie ma personnalité... Enfin, il n'y a pas que mes pouvoirs qui la justifie, mais aussi le simple fait d'être une nymphe masculine... Mais c'est une longue histoire, je ne vais pas vous obliger à l'écouter... dit-il d'une voix hésitante, partagé entre l'envie de tout lui raconter et celle de se taire.

Il n'osait pas trop lui raconter sa vie. Il avait constamment cette peur d'ennuyer l'homme face à lui. Il décida donc qu'il ne lui dirait que s'il le voulait vraiment.
La nymphe s'était à nouveau excusée pour la énième fois depuis leur rencontre. C'était presque un tic chez lui. Dès qu'il pensait avoir fait un faux pas, il s'excusait. Dès qu'il percutait quelqu'un sans le faire exprès, même si c'était de la faute de la personne qui l'avait cogné, il s'excusait. C'était dans sa nature. Il avait toujours été comme ça, et il le serait très probablement jusqu'à la fin de ses jours. Heureusement, l'autre jeune homme ne semblait pas lui en vouloir, ce qui le soulagea fortement.

- Merci de votre compréhension... murmura-t-il avec un doux sourire plein de reconnaissance.

La remarque suivante de son interlocuteur le fit rire. C'est vrai qu'il ne l'avait jamais vu utiliser son pouvoir sur un humain, ou alors un être plus faible que lui. Mais, si lui n'avait pas vraiment été affecté par son pouvoir, un humain, lui, serait devenu un pantin capable de faire tout ce que la Muse souhaitait - même si, dans le fond, il n'aurait absolument rien demander et se serait contenté d'annuler son envoûtement avant de s'enfuir en courant.

- Croyez-moi, si vous aviez été un humain, vous auriez été bien plus affecté que ça, dit-il en riant. En plus, mon pouvoir a beaucoup plus d'effets sur la gente masculine.

Eh oui. Les nymphes étaient avant tout faites pour séduire les hommes. Et, malgré son corps masculin, le Master ne faisait pas exception à la règle.
Master qui venait de se rappeler qu'il devait chercher ses affaires. Alors qu'il pensait que Mae Jin allait partir, ce dernier lui demanda de le tutoyer et proposa de l'accompagner. Sans vraiment savoir pourquoi, le rose lui monta aux joues.

- Euh... S-si tu veux... Mais... Tu n'es pas obligé de te sentir redevable pour que ce soit... Je n'ai rien fait de spécial... dit-il d'une voix hésitante.

Mon Dieu, mais pourquoi s'était-il mis dans cet état sans raison ? Il se stoppa un instant, prit une profonde inspiration pour se calmer et regarda à nouveau le demi-dieu, le visage lumineux.

- Enfin, j'accepte avec plaisir ta proposition, dit-il avec un adorable sourire joyeux et innocent.

Attrapant la bonne clé dans le trousseau, il prit le chemin menant aux escaliers en faisant signe à l'autre garçon de le suivre.

- Viens, mes affaires sont en salle 4C. C'est deux étages au-dessus, celui réservé aux cours de chant.

Sujet: Re: Une première rencontre pas des plus simples